“ Ah ! Les coulisses… La Troupe du Crâne se délecte d’une trouille à nulle autre pareille… Que de regards tragiques, que de morsures au ventre ! L’amour se décuple où le cœur saigne. Pourquoi de tels obstacles, pourquoi de tels défis ? Pour vous très cher public… Soyez bénis, attentifs et critiques impatients ! Plaisir incomparable de partager l’instant, de vous prendre à bras le cœur. Ah ! Se délecter de vos rires, surtout ceux des enfants… Non, la Troupe du Crâne ne donnerait sa place pour rien au monde ! Ce sont de bons petits soldats que mes comédiens, je vous l’assure : j’en suis fière… Dans les loges, face au miroir, les dames se parent pour vous séduire. Les hommes, eux, ressassent leur texte, dont je suis parfois l’auteur, le bienheureux tyran. Aimez-les ces enfants de l’ombre, comme je les aime. Qu’ils prennent place au soleil pour votre plaisir ! Privilège à nul autre pareil, le spectacle est et reste un acte d’amour profondément humain.”
Monique Font-Didion
Quelques anecdotes
- Avant de jouer dans les châteaux, la troupe du crâne a fait ses premières armes dans une grange à Coignières mise à disposition par la famille Dassault au début des années 1980. Monique Font-Didion faisait la réclame des spectacles au microphone dans une camionnette.
- Monique Font-Didion fédère ses comédiens. Elle est très attachée à eux mais s’emmêle dans les prénoms. Si bien que tout le monde est surnommé affectueusement « coco », « bichon » ou « bibiche fleur ». Ce n’est pas toujours simple pour les comédiens de savoir à qui le metteur en scène s’adresse. Monique a des expressions uniques. Elle s’exclame par exemple avec un « vinzou ! ». Elle pousse les comédiens dans leurs retranchements en leur demandant d’avoir « l’indécence d’exister ! » et « d’ôter leur petite culotte ». Elle décline enfin à la perfection le verbe « biaiser ». Elle n’aime pas la rigidité d’un comédien qui se tiendrait trop droit et frontal. Elle le préfère donc de biais, offert au public. « Biaise coco, vinzou ! »
- Avant de monter sur scène, la troupe a son haka, son cri de ralliement. Les comédiens se donnent la main et sautent ensemble en disant de plus en plus vite « C’est un chat, c’est un chat, c’est un chat ! ». Cette réplique est issue de la pièce Rhinocéros d’Eugène Ionesco montée en 2009. Ce spectacle dans le registre de l’absurde a été un véritable challenge. Nous avons passé plusieurs répétitions studieuses à monter la scène du syllogisme : « Socrate est mortel. Tous les chats sont mortels. Alors Socrate est un chat ! » Visiblement cette réplique a laissé des traces.
